Batteur Magazine N°200

Yo,

C'est l'anniv pour Batteur Mag, le 200ème numéro.

J'ai un peu tardé pour vous en parler mais bon ... elle est à point quand on sait la prendre ...

Un bon numéro donc, le Boss y est cité plusieurs fois bien sur (le fameux N°1 !), un portfolio central avec de très belle images, dont le poster du Boss du n° précédent, un lexique du langage des batteurs pour les ceusses qui ne bitent rien (je ne vise personne hein ...) la discothèque du batteur (200 cd revus), bref, un collector à posséder.

Bonne bourre les Loulouttes !

Tonton NiKo

Tiens du coup j'en profite pour mettre la retranscription de l'entretien donné dans le number 1 : Bonne lecture...

A 28 ans, MANU KATCHE est l’un des batteurs les plus en vue en studio et sur la scène française avec Michel JONASZ bien sur mais aussi Catherine LARA, Françoise HARDY, Eddy MITCHELL, Michel LEGRAND, Alain SOUCHON, Jean Jacques GOLDMAN, Axel BAUER, etc. et de façon plus anonyme sur quantité de productions, sans oublier « PREFACE » le groupe qu’il a constitué avec Kamil RUSTAM et Jean Yves d’ANGELO.

Comment as-tu commencé la musique ?
J’ai étudié la percussion classique au conservatoire de St Maur pendant quatre ans. J’ai du avoir un prix ou quelques chose comme ça (vers l’âge de 15 ans). Mon prof m’a présenté au concours du conservatoire de Paris avec succès, mais ça ne m’intéressait pas. Ce n’est pas la musique mais les gans qui ne m’intéressaient pas, pour moi, la musique correspond à un certain état d’esprit qui n’était pas du tout celui du conservatoire de Paris.

Tu jouais déjà de la batterie à l’époque ?
Je tapais un peu dans ma cave en jouant sur des disques. Je n’ai jamais pris de cours de batterie à proprement parler.

Tu baignais dans un milieu musical ?
Ma grand mère était violoniste, ma mère chantait et mon père jouait de la batterie et chantait, enfin paraît-il, je ne l’ai pas connu. J’ai surtout été encouragé par mon beau père qui était extrêmement mélomane et qui jouait un peu de batterie. J’ai ainsi pris des cours de piano classique de 7 à 10 ans. Je regrette maintenant de ne pas avoir continué…

Comment s’est amorcée ta carrière française ?
Je travaillais assez souvent au studio RAMSES qui était alors une petite « famille » et qui s’est avéré être une véritable pépinière de nouveaux musiciens, un peu comme le « café de la gare » a révélé des acteurs qui aujourd’hui sont des locomotives du cinéma . C’est vraiment en studio que j’ai rencontré pleins de gens, là où j’ai « fait mes classes ». J’ai joué à cette époque avec Jeff SEFFERT, ZAO et puis j’ai commencé à accompagner pas mal de gens, à faire des petites tournées. J’étais en tournée avec Coluche quand l’équipe (Sylvain Marc, Francis Lookwood, Jean Michel Kajdan et moi) a été contactée par Michel JONASZ qui recherchait un groupe cohérent pour tourner. Je n’ai plus quitté JONASZ depuis, ça fait maintenant 6 ans.

Ton destin musical est un peu lié à celui de Michel JONASZ ?
A l ‘époque ce n’était pas encore la référence qu’il est devenu, et nous sommes aidés mutuellement. Plus tard cette référence m’a rapporté de plus en plus de travail et du travail intéressant. Michel est vraiment un ami essentiel à qui je dois beaucoup, tant musicalement qu’humainement et intellectuellement.

Comment s’est produite la rencontre avec Peter GABRIEL ?
J’ai d’abord rencontré Tony LEVIN sur l’album de Catherine LARA et nous nous sommes liés d’amitié. Il faut dire que pendant les séances, j’étais à peu près le seul à parler anglais. D’un autre coté, j’ai un ami jazzman qui s’appelle Georges ACOGNY avec lequel j’avais enregistré deux albums et qui était parti à Dakar avec Peter GABRIEL enregistrer des percussions, percussions qui sont d’ailleurs celles du disque. Georges et Tony ont donc parlé de moi à Peter GABRIEL qui m’a téléphoné. J’ai d’abord cru à un gag de Jean-Yves ou de Kamil mais ce n’était pas une blague et je me suis donc retrouvé à Bath, dans la campagne anglaise, où Peter GABRIEL possède une propriété avec un studio au fond du parc, studio « domestique » avec fairlight, deux 24 pistes, console SSL etc… J’ai dit à Peter GABRIEL qu’il fallait me réveiller le matin parce que je n’étais pas du genre lève-tôt. Il m’a dit « OK » et le lendemain matin, j’ai senti quelqu’un qui me tapait sur l’épaule, j’ai ouvert les yeux et j’ai vu Peter GABRIEL portant un plateau avec du thé et des gâteaux ! Le reste à continuer à se dérouler comme dans un rêve. Je suis resté six ou sept jours pour travailler à quelques chansons . C’était vraiment tranquille, ils passaient une bonne journée à faire des basses au fairlight et pendant ce temps j’apprenais dans le parc les règles du croquet…Puis je suis retourné là-bas pour jouer sur une quinzaine de titres. Finalement sur l’album, je joue sur la plupart des titres, Jerry Marotta et Steward Coppeland jouent sur deux chansons. De ce fait, j’ai été rappelé pour faire la tournée Amnesty Internationale aux Etats Unis et je vais l’accompagner dans les autres tournées, Etats Unis, Australie, Japon.

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Raconte nous un peu cette fabuleuse tournée Amnesty…
C’est une expérience inoubliable que je souhaite à tous les musiciens. J’ai du mal à en parler parce que pour moi c’était vraiment un rêve. Nous avons parcouru en avion spécial tous les Etats Unis : San Francisco, Los Angeles, Denver, Atlanta, Chicago pour finir à New York avec un concert qui réunissait 80000 personnes et des musiciens fabuleux comme Miles DAVIS, STING, U2, Joan BAEZ, Lou REED, Brian ADAMS etc…
On voyageait tous ensemble (environ 150 personnes avec l’équipe technique) dans une ambiance extraordinaire où se nouaient des contacts humains fantastiques, il y a eu des bœufs mémorables dans les hôtels et j’ai appris à connaître des gens qui jusque-là ne faisaient partie de ma mythologie… Quand Larry Mullen (U2) m’a demandé poliment s’il pouvait rester à coté de moi pendant les concerts pour me regarder jouer, j’ai été assez dérouté ! En fait, le comportement des musiciens la-bas est vraiment différent, ici on espère que le voisin ne joue pas mieux que soi parce qu’il va piquer toutes les affaires, ce qui est absurde. Au début je me disais, dans un pays où il y a des Gadd, des Porcaro, des Hakim, des Colaiuta et j’en passe, ils n’ont vraiment pas besoin de moi ! En fait, j’ai compris que je ne jouais pas pareil, que je ne sortais pas du même moule et c’est ça qui les intéresse. Quand ils font appel à un musicien, c’est pour sa compétence mais aussi pour ses idées, son originalité. Pas pour « faire l’affaire ». Et on est vraiment considéré comme un artiste, pas comme du personnel. A ce niveau, il y a plus de problèmes pour obtenir un permis de travail, si faire venir un musicien français est une nécessité artistique, ça ne constitue pas un scandale syndical parce qu’on ne remplace personne. On colporte beaucoup trop de mythes au sujet des musiciens américains. Moi-même qui ne bois pas d’alcool et qui ne fume que des cigarettes, je n’ai vu personne se doper pendant cette tournée. J’ai plutôt remarqué beaucoup de végétarien et les gens sont plutôt branchés sport et trouvent toujours moyen de courir, de jouer au foot etc… STING et Peter GABRIEL jouaient au tennis en en fait, ça se comprend très bien, ça demande tellement d’énergie et de concentration de jouer sur scène que tu ne peux pas être dans un état de délabrement physique et moral pour assumer cette vie. Le trip Rock-destroy c’est vraiment fini. Personnellement, je n’ai jamais été branché pour ça, j’ai du essayer un petit joint comme tous les mômes, mais pour jouer j’ai besoin d’être en forme et en pleine possession de mes moyens.

Tu jouais sur ton propre matériel dans cette tournée ?
Oui. Sur scène je préfère jouer sur ma batterie, je suis plus à l’aise, j’ai mes repères. Pour les séances à Los Angeles, on avait loué une PEARL, une YAMAHA et une LUDWIG.

Quel matériel utilises-tu sur scène ?
C’est uen PEARL GLX avec une grosse caisse « 22 », des toms de « 10 » 12 »13 et 16 » et une caisse claire « free floating » 8 » (fût métal).

Tu aimes bien la « free floating »
La première fois que j’ai tapé dessus, j’ai tout de suite été saisi par le son. Je ne pourrais pas expliquer pourquoi mais je me suis tout de suite senti à l’aise. Pour le studio, j’utilise d’habitude une petite LUDWIG Supraphonic 400 sur laquelle j’ai monté des cercles moulés « twinn channel ». J’ai fait le plupart des séances avec (y compris Peter GABRIEL, Joni MITCHELL, Robbie ROBERTSON etc…). Sur scène, je préfère la PEARL. A part ça, j’utilise 7 cymbales ZILDJIAN (2 splash, 2 crash , 1 ride, 2 charlestons « new beat » et une pédale CAMCO avec un batte en bois, la peau avant est découpée et sert surtout à retenir la couverture et le coussin. Toutes les peaux sont des ambassadors REMO (blanches).

Tu consacres beaucoup de temps au réglage de la batterie ?
Le son est extrêmement important, on joue différemment avec un autre son. Je n’ai aps de recette systématique, j’aime bien les harmoniques, à condition qu’elles soient controlées, sinon c’est la cacophonie totale. Je déteste les sons mats. Aux Etats Unis, ce n’est pas le batteur qui règle l’instrument en studio, ça m’a d’abord un peu surpris et puis je me suis rendu compte que quand les réglages étaient prêts, j’étais frais et créatif pour jouer, alors que frapper pendant plusieurs heures pour trouver le son est quand même assez épuisant. J’ai demandé à Peter GABRIEL, « mais vous avez fait les réglages avec quelqu’un d’autre, le son va être différent, non ? » il m’a répondu « de touts façons quand tu vas jouer, ça va être deux fois mieux ! » Dans ces conditions… A Los Angeles, le matériel était installé et réglé par Paul Jamieson, qui s’occupe de Jeff Porcaro et de tous les batteurs là-bas. Pour Robbie Robertson, on changeait les peaux après chaque titre, c’est le problème avec ambassadors, ça s’use très vite.

Pour le studio, ça ne te dérange pas de ne pas jouer sur ton matériel ?
Non, ce n’était pas la même situation sur scène, je saute beaucoup plus, je n’ai pas le même rapport avec l’instrument. En studio, j’ai tout le temps de jouer, de travailler et de m’accoutumer… C’est plutôt psychologique en fait, parce que dans le haut de gamme, toutes les batteries sont parfaites et c’est toi qui fait le son, pas la batterie.

Revenons aux productions françaises : est-ce qu’au cours de tes séances tu as eu beaucoup de parties écrites à jouer ?
A Paris, il y a eu une époque où c’était le grand flip pour pas mal de musiciens autodidactes. Ca ne me dérangeait pas trop parce que d’une part, j’avais quand même une formation classique et d’autre part, il y a toujours moyen de discuter et de s’entendre avec l’arrangeur ou le compositeur. Mais je ne trouve pas que ce soit intéressant d’écrire une partie noire de notes pour la batterie, surtout qu’en général les gens qui faisaient ça ne s’appelaient pas Quincy Jones… Dans ces situations, c’était plutôt un exercice de style, pour se prouver quelque chose ou pour corser la difficulté, mais « écrit » ne doit pas forcément vouloir dire « difficile »… Pour moi, faire une séance, c’était faire de la musique, pas passer un concours d’entrée. Chaque fois que Gabriel Yared ou Michel Coeuriot, qui sont des arrangeurs que j’admire beaucoup, m’ont écrit des choses, il n’y avait aucun problème, c’était évident, c’était « ça » qu’il fallait jouer. En plus avec quelqu’un comme Coeuriot, on se connaît tellement bien qu’il n’est bien souvent même plus nécessaire d’écrire quoi que ce soit, je comprends tout de suite ce qu’il entend. Avec les américains, il n’y avait absolument rien d’écrit, ils sont totalement ouverts à la création. On essaie des choses, on cherche, on prends le temps de s ‘exprimer. S’ils t’appellent, c’est aussi pour te demander ton avis, après tout.

Tu vas pouvoir encore jouer avec JONASZ , avec un calendrier aussi chargé ?
C’est sur que je ne pourrai plus l’accompagner en tournée, mais il est probable que nous retravaillerons encore ensemble, c’est vraiment un grand ami et il très heureux de ce qui m’arrive, il n’y a aucun problème à ce niveau. De même quand j’ai annoncé à Peter GABRIEL que je n’étais pas libre au moment de la promotion du groupe « PREFACE », il a parfaitement compris et apprécié ma fidélité à mes engagements et a déplacé des dates, pour lui c’est aussi une garantie que je respecterai mes engagements à son égards.

C’est un projet important pour toi « PREFACE » ?
Oui au départ, on ne pensait pas que ce premier titre aurait un tel succès, on avait surtout envie de faire exister le groupe et se faire plaisir. C’est vraiment super de travailler avec Kamil et Jean-Yves. On s’entend parfaitement bien, on s’estime et en même temps c’est très stimulant parce qu’on se connaît trop bien pour être complaisants, si je fais un truc un peu douteux, ils ne gênent pas pour me le dire… C’est aussi une expérience de travail collectif qui m’a été précieuse pour aborder les musiciens anglais ou américains.

Tu penses que des gens comme toi ou Mini CINELU, c’est une porte ouverte à la scène internationale pour les musiciens français ?
Je l’espère ! J’ai de la chance, c’est vrai, mais aussi j’étais prêt à tenter le coup… Des musiciens comme VANDER, CECCARELLI, EDDY LOUISS et d’autres ont eu comme moi des propositions et finalement ils n’ont pas tenté l’aventure… Il y a des tas de musiciens fantastiques en France, mais la France est un peu trop repliée sur elle même… CECARELLI est un batteur que j’ai toujours trouvé absolument fabuleux, surtout en jazz. Il y en a d’autres et il y a toujours à apprendre de tout le monde, pas forcément des plus virtuoses et pas nécessairement des batteurs, ni même des musiciens. J’en connais qui pensent qu’ils sont les meilleurs et qu’ils y arriveront tous seuls sans l’aide de qui que ce soit. On a toujours besoin de quelqu’un, c’est un milieu où il est difficile de conserver son équilibre au milieu de ce panier de crabes. La femme avec qui je vis depuis huit ans est, elle aussi, nécessaire à mon équilibre, elle m’aide à savoir où j’en suis, par rapport à la batterie, quand je n’ai plus d’idée, quand je me demande si je ne suis pas nul. Je ne réécoute presque jamais les disques où j’ai joué, parce qu’à fois, je me dis que j’aurais du jouer autre chose et je m’en veux… Je ne suis jamais content de ce que j’ai jouée et je crois qu’on peut toujours faire mieux. Pour répondre à ces doutes, à ces questions, je crois qu’on a besoin de quelqu’un dans sa vie professionnelle mais aussi dans sa vie privée. Sinon on peut très vite se planter. Et je ne voudrais pas me planter. Je n’ai pas la prétention d’être le meilleur du monde et je ne le serai jamais, parce qu’il y a toujours des types qui, de toutes façons, sont plus forts que toi mais il y a aussi toujours des gens apparemment en dessous de toi qui sont intéressants et qu’il faut prendre la peine d’écouter. Et puis progresser, ce n’est pas uniquement travailler l’instrument c’est aussi écouter les autres, aller au cinéma, lire, voir des expositions… c’est aussi important que de faire des exercices. Les grosses compagnies comme POLYGRAM, CBS etc… perdent du terrain sur des petits labels souples et imaginatifs , c’est à nous, les musiciens de prendre notre avenir en main, de nous montrer créatifs et entreprenants et pas d’attendre la consécration en restant persuadés que nous sommes les meilleurs.

Propos recueillis par Michel Risse.

Eh beh, ça bosse dûr ici !!!!!!!
Ben Merci les gars !!!
On peut toujours se procurer les anciens numéros nan ???

woaw!

merci beaucoups!

Tonton NiKo a écrit:

Yo,

un lexique du langage des batteurs pour les ceusses qui ne bitent rien (je ne vise personne hein ...)
Tonton NiKo

J'me d'mande bien à qui il pense.....

En tout cas merci du tuyau, je vais investir pour éviter les questions à deux balles!!



Bon...Quant à Maitre Bru...ça c'est du rapport de chez rapport!!!



Un grand merci pour nous faire partager ce super article... j'adore!!!

Moi j'dis à l'association Bru-Niko pour l'éducation katchesque des p'tits nouveaux... c'est top!!!

Tonton Niko rassure-toi, avec vos efforts à tous les 2, je vais bientôt quitter la phase: "dis papa pourquoi la mer est bleue?"

So-k'apprend!!enfin...k'essaye!!!

Euh, pour le numéro 1 faut pas rêver non plus hein ...

Tonton NiKo

ah ben faut voir avec ebay et priceminister alors, j'l'ai déjà vu l'number one !!!